BIOGRAPHIE

Qu’elle représente la Mona Lisa, l’Arbre de ville ou la statue de la Liberté, l’œuvre du peintre Rolf Saint-Agnès annonce clairement les couleurs : celles du pop art et de sa sainte trinité Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Keith Haring. New York ? Paris ? Pourquoi ? La capitale française, Rolf Saint-Agnès y naquit en 1969 d’un père français et d’une mère suédoise. La métropole américaine, à 20 ans, il s’y installa. Pour une décennie, il fit de la Grosse Pomme sa ville d’adoption et du pop art sa religion artistique. Habitué des grands espaces, Rolf Saint-Agnès vit dans le Tarn, là où l’air alimente son grain de folie à la puissance du vent d’Autan. C’est le même que respirait Henri de Toulouse-Lautrec. Son atelier ouvrant sur les collines pigmentées du Sud-Ouest est devenu son quartier général. De là, il rayonne tous azimuts, expose à New York, à Paris, à Stockholm mais aussi à Aix-en-Provence et dans sa région, à Toulouse, Albi et Bordeaux. Au fil des ans et de ses voyages à travers le monde, le pinceau de l’artiste s’est singularisé. Si le pop art imprègne toujours son art, il n’aliène pas pour autant une personnalité très affirmée. On pourrait comparer son œuvre au vaisseau des Argonautes. Sans cesse radoubé, le navire ne conservait plus une seule planche originelle mais demeurait pareil à lui-même.
En 1991, âgé de 22 ans, Rolf Saint-Agnès a déjà sa vocation de peintre bien ancrée. Parisien de naissance et franco-suédois d'ascendance, il n'en décide pas moins de mettre les voiles et part faire son tour du monde à la toile. Première escale : New York ! Nous avons dit escale mais en est-ce véritablement une ? Soho, le quartier où Rolf Saint-Agnès prend ses quartiers est irrigué par un fleuve de peinture. Neuf ans durant, il en remontera puis en descendra le cours à bord d'une galère baptisée « Pop Art ». L'air ambiant est tonique comme un vent de grand large. C'est le même que respirent Roy Lichstenstein, Andy Warhol et Keith Haring. Avec sa naïveté trompe l'oeil et ses alternances d'understatements et d'oxymores, la facture Pop Art colle parfaitement au pinceau tendre et ironique de Rolf Saint-Agnès. A belles dents, le jeune peintre va croquer sa ville d'adoption sous tous les angles. Il est sans pareil pour détecter travers et turbulences sécrétés par la société marchande.
Lors de son arrivée dans la métropole américaine, l'épidémie de sida atteint son pic. Au département de la Santé de New York, Rolf Saint-Agnès présente une campagne de prévention du fléau. Afin de bien faire passer le message, le jeune artiste proscrit -l'image anxiogène et prescrit l'espoir salvateur. Résultat : dans tout New York et par dizaines de milliers, circuleront ses cartes postales inattendues. Elles montrent deux préservatifs amoureux l'un de l'autre et tendrement enlacés. Cette campagne aura des échos jusqu'en France où Paris Match consacrera une page à l'action de Rolf Saint-Agnès. Unies ou s'entredéchirant, toutes les nations se retrouvent au sein du microcosme new yorkais. Cet apéritif cosmopolite ne fera qu'aiguiser l'appétit de Rolf Saint-Agnès pour de nouveaux horizons. Tout en conservant sa base dans la « Big Apple », il effectue des séjours au Japon, au Brésil, au Mexique puis en Afrique australe. En explorant notre planète la Terre, il découvre l'universalité des problèmes liés à l'environnement. 
Du coup, son inspiration artistique s'oriente vers des caps inédits. Désormais, il lui arrive de partir en croisière pour l'intersidérale, de pousser une pointe vers la galaxie surréaliste puis d'atterrir en zigzag du côté de Bordeaux dans les vignes du Seigneur. Pour la clôture du XXème siècle, Rolf Saint-Agnès va choisir pour un an de vivre comme « le cénobite tranquille » cher à Apollinaire. Afin de digérer ses expériences et de se mettre en prise directe avec la nature, il traverse les Etats-Unis au volant de son 4x4 et, au nord de la Californie, en plein coeur de la forêt nationale de Mendosino, s'installe dans une cabane en bois dépourvue d'électricité. Ours, serpents à sonnette et congars, les seuls habitants du coin, ne troublent guère sa concentration. Cette méditation active s'étendra sur une année. Au terme de son long séjour aux Etats Unis, Rolf Saint-Agnès peut dresser un bilan positif de son activité artistique. A New York, Mecque de l'art contemporain, il s'est taillé une notoriété non négligeable compte tenu de sa jeunesse. Les expositions de ses oeuvres sont remarquées. Cela va de la Galerie One à Soho à une exposition patronnée par Japan Airlines à l'aéroport J.F.K. en passant par Jacob Trapp Gallery à Summit (New Jersey), 450 Broadway Gallery, Art Expo au Jacob Javits Center, sans oublier les expositions faites en qualité de peintre militant contre le sida au New York Health Department, à la Fondation Arthur Ashe et DIFFA à New York. On retiendra également que le New England Museum of Contemporary Art a collectionné l'un de ses dessins pour sa collection permanente. Il orne de fresques plusieurs restaurants et collèges à New York et en Floride et réalise des couvertures pour la presse périodique. Dans ces conditions, Rolf Saint-Agnès se constitue un noyau fidèle de clients américains. Tel sera également le cas de la Suède où il fait plusieurs expositions à la Galerie Alex Wiberg à Stockholm et fut sélectionné pour participer au Stockholm's Art Fair. En 2001, Rolf Saint-Agnès va regagner Paris. Comme dans le poème d'Hölderlin, il se pose la question : « Le retour ramènera-t-il la paix des jours anciens ? ». Après un bref mirage, Rolf le constate : la Seine n'a plus rien d'un long fleuve tranquille et il arrive que France puisse rimer avec souffrance. Grosse de ses bourlingues internationales, sa peinture entre en gestation. Il revisite son trait, étoffe sa palette. Puis, les typhons de l'existence viennent éclabousser ses toiles de violence. Avec la disparition de sa mère, 2005 sera pour lui l'année terrible. Un onirisme infernal déferle sur son oeuvre et la mue en épopée dantesque. Mais avec Rolf Saint-Agnès, le paradoxe demeure toujours présent. Rien ne saurait endiguer la force vitale qui sourd du plus profond de son être. Dédié à sa génitrice, son « arbre de vie » est aussi luxuriant par ses branches que dense par ses racines bien ancrées. Ce tableau inscrit la mort dans la table des matières du livre de la vie. Habitué des grands espaces et las des turbulences parisiennes, Rolf Saint-Agnès s'est installé dans une petite commune du Tarn. Son atelier ouvrant sur les collines ocrées du Midi est devenu son quartier général. De là, il rayonne tous azymuts, expose à New York, à Paris au Mac 2000, à Stockholm, mais aussi à Aix-en-Provence et, dans sa région, à Albi, Gaillac et Bordeaux. En effectuant son tour du monde, il fit un voyage autour de lui-même. Tout en revenant au Pop Art, sa source initiale, son style s'est considérablement personnalisé et son champ de vision tout autant élargi. On pense au vaisseau des Argonautes lequel, à force d'avoir été radoubé, ne conservait plus une seule planche originelle mais demeurait cependant le même. Toutes couleurs envoyées, son oeuvre dégage un caractère éminemment physique. Les sensations lumineuses captivent sensibilité et imagination.